Cet article est ma seconde participation à un carnaval d’articles sur un thème un peu nouveau mais assez intéressant .
» Ce conseil qui m’a permit de surmonter mes échecs » organisée par Shirley Maeder du Blog Grandir avec plaisir .
Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est un carnaval d’articles , il s’agit d’un événement inter-blogueurs dans lequel tous les blogs qui le souhaitent écrivent un article sur un thème choisi par le Blog initiateur du carnaval .
Tous les articles sont ensuite partagés sur les différents blogs afin de faire découvrir à ses lecteurs de nouveaux thèmes, d’autres façons de traiter un sujet,et de nouvelles plumes .
Par la suite un ebook peut être réalisé , publié et partagé à tous les lecteurs .
Un concentré d’avis , d’expèriences , de témoignages que je trouve assez intéressant à partager……sans modération !!!
Alors aujourd’hui la thématique de cet article sera plus de l’ordre d’une réflexion .
Professionnelle de santé ,je suis comme tout le monde confrontée à des échecs , qu’ils soient personnels , professionnels .
Dans notre société , le principe d’échec a une connotation négative .
Si vous échouez , c’est que vous n’êtes pas bon , pas à votre place , décalé .
Échec est souvent synonyme de manque de travail , d’implication .
Echec scolaire , sportif , personnel et sentimental , échec professionnel….tous les domaines sont touchés .
Pourquoi l’échec est il toujours vécu négativement ?
N’y a til pas des moments où les échecs nous font grandir , réfléchir , avancer?
Qu’en est il de nos enfants dys ?
Comment vivent ils les échecs ? Comment les aider à les surmonter ?
La société d’aujourd’hui est une société de performances où l’échec est souvent assimilé à un défaut de travail , d’implication , d’intelligence même pour certains .
Tout est fait pour que l’échec soit effacé du tableau et que seul soit notifiés , glorifiés la réussite , le pouvoir ,l’ascension sociale , la reconnaissance par ses pairs .
Mais dans cette société où les inégalités sont réelles et perdurent :
– Qu’en est il des enfants , adultes qui ne correspondent aux moules ?
– Ceux qui ont besoin de plus de temps , de plus d’explications , de plus d’accompagnement?
– Doit on les laisser face à leurs échecs ?
– Ou doit on transformer cet échec en atout ?
Ergothérapeute libérale , j’accompagne depuis plus de 20 ans des enfants , adolescents dans leur scolarité et leur vie quotidienne .
Pour ce qui est des échecs , les enfants dys en rencontrent souvent, que ce soient dans le cadre scolaire comme dans le cadre familial .
Difficulté à lire comme les copains, faire ses lacets , écrire aussi vite que le professeur le demande ….Tous les domaines sont impactés , avec plus ou moins de conséquences et de sévérité .
Que dire à un enfant qui aimerait lire son livre seul « comme tout le monde « mais qui ne comprend pas ce qui est raconté ?
Que faire quand il vous demande de l’autonomie mais que celle ci est souvent difficile à atteindre ?
Certains parents compensent , font à leur place , pensant bien faire .
Il y arrivera quand il sera plus mûr!!!
C’est pas grave tu le feras tout seul la prochaine fois !
Même si nous pensons bien faire , faire à la place de l’enfant ne l’aide pas à grandir , à se rendre compte de ses difficultés et à les appréhender comme telles .
Nous ne faisons que retarder le conflit , l’échec et la recherche de réelles solution surtout .
Et nous abimons grandement son estime de soi .
Ceci n’est en aucun cas une critique car si vous l’avez bien noté , j’utilise le NOUS et non le VOUS car ces erreurs je les ai faites , pensant bien faire .
Mais avec du recul et surtout après avoir discuté avec plusieurs professionnels , je me suis rendue compte que j’étais dans l’erreur .
Il est très difficile d’avoir deux casquettes : celle de professionelle , détachée du côté affectif tout en étant assez empathique pour aider et celle de la maman avec ses idéaux , ses représentations et surtout son amour inconditionnel de ses enfants .
Aucune parent ne veut voir son enfant échouer , malheureux .
Nous voulons tous qu’il soit bien dans leur peau , aimé , entouré d’amis et reconnu .
Mais le diagnostic de trouble d’apprentissage met fin souvent à cette représentation idéale de notre enfant.
Commencent les questionnements , les recherches d’aides , les bilans et la confrontation avec la réalité de la société dans laquelle nous vivons tous avec ses exigences , ses codes , ses représentations .
Alors oui , comme tout le monde , l’annonce du trouble d’apprentissage de mes enfants a été compliquée mais j’avais un atout de plus : mes connaissances et mes compétences .
Du moins c’est ce que je croyais !!
A plat les compétences quand c’est votre enfant , à bas le détachement quand celui qui a des besoins différents est le vôtre !!
Alors je me suis rappelé les conseils que l’on me donnait quand j’étais enfant et que vous avez tous entendus:
Si tu tombes de cheval , il faut remonter !!!
Ne pas abandonner!
Fais de tes échecs une force .
On apprend en tombant .
Avoir peur n’empêche pas de tomber .
La peur engendre la peur (de retomber , de la chute , de l’échec, du regard de l’autre ) , paralyse , freine et empêche d’avancer .
Pour illustrer mon propos , une histoire personnelle :
Férue de ski depuis mon plus jeune âge , adolescente j’ai eu un accident sur un télésiège .
Rien de grave pour moi mais assez traumatisant pour mettre 30 minutes pour descendre une piste qui d’habitude m’en demandait 5 .
Arrivée en bas de la piste , ma mère me dit :
» Demain tu reprends un télésiège ! »
Hors de question , j’avais eu trop peur .
Je ne reprendrais plus de ma vie un télésiège , je ne prendrai que les téléskis telle a été ma réponse .
Le lendemain , comme décidé par ma mère celle ci me fit prendre un télésiège, plus petit que celui de la veille mais quand même .
Je crois que je n’ai pas beaucoup respiré ce jour là le temps du trajet .
J’avais peur mais je l’ai fait .
Une fois , deux fois , trois fois .
Aujourd’hui, si je peux aller skier avec mes enfants et prendre la majorité des télésièges , c’est aussi grâce à son conseil de « remonter sur le cheval »et de se dépasser , de prendre l’échec comme une seconde chance et non comme une finalité .
Mais j’ai aussi analyser que pour surmonter mon échec ( qui était caractérisé par la peur de remonter sur u n télésiège) je devais mettre en place certains moyens .
Ces conseils je les garde en mémoire chaque jour pour tous les enfants que j’accompagne et pour les miens MAIS j’en ai fait une trame de fond dans mes prises en charge et mon accompagnement .
1.D’abord identifier l’échec
Être en échec est difficile pour quiconque mais pour les enfants c’est assez compliqué à comprendre et à accepter .
Il y a plusieurs formes d’échecs:
Celui dû à un manque de travail
Inhérent à mon choix de travailler ou pas mes leçons , mes exercices par exemple . Cet échec est temporaire , surmontable car avec une cause identifiable : Moi et mon choix de ne pas travailler .
Cette forme d’échec est la plus facile à identifier mais pas pour autant à surmonter .
Il faut pour travailler en avoir un intérêt ( le Pourquoi) , une envie ( Pour Qui) et un objectif ( Pour quoi faire ) .
Certains enfants , comme les enfants hauts potentiels ont besoin de connaître la finalité d’une leçon pour l’apprendre ou l’appliquer .
Pas toujours simple d’expliquer que l’apprentissage du passé simple sert à quelque chose dans la vie de tous les jours !
Cela demande des trésors d’inventivité et de ressources aux enseignants mais aussi aux parents pour les aider dans leur apprentissages .
Plus facile d’expliquer que les fractions ont un intérêt en cuisine par exemple .. c’est concret avec un partage de gâteau .
Celui dû à un trouble dont on n’est pas responsable .
Les troubles d’apprentissages se manifestent chez des enfants qui ont une intelligence et un environnement social adéquat , sans problèmes sensoriels , psychiatriques ou neurologiques (Inserm 2019).
Ces troubles ont des conséquences dans des domaines multiples et variés comme la lecture , l’écriture mais aussi l’organisation ou la planification des gestes dans le cadre du trouble développemental de la coordination .
Quand on est dyslexique , la lecture peut être difficile , fatigante , source d’anxiété et rarement synonyme de plaisir .
Pour autant dans le cadre scolaire , lire les livres demandés ou les consignes d’un exercice est nécessaire et obligatoire .
Alors que se passe t-il quand cet enfant est seul devant sa consigne ?
Il la lit oui mais plus lentement , plus difficilement et a parfois du mal à déchiffrer ou à comprendre ce qui lui est demandé .
Et quand il faut répondre aux questions ou faire l’exercice , celui ci est parfois faux .
Est ce vraiment un échec ? Est ce un manque de travail ?
Ou est ce juste que cet enfant se retrouve face à des difficultés spécifiques ?
Dans le cadre de mon accompagnement j’essaie de faire « toucher du doigt » aux enfants ce qui peut être pour eux source d’échecs , les domaines où les résultats ne seront pas toujours à la hauteur de leurs espérances .
Pour les plus jeunes , j’essaie d’imager mes propos pour que cela soit plus accessible .
Ex :
- Pour les enfants avec un Trouble de l’Attention , je leur explique qu’ils ont une Porshe dans leur tête ( ca parle bien aux garçons !!) mais qu’ils ne savent pas encore la conduire .
Qu’il faut d’abord apprendre à conduire une Clio et après conduire la Porshe .
- Pour les enfants dyslexiques je leur explique que les enfants myopes ont aussi du mal à lire mais qu’ils ont un Accessoire : les lunettes .
Moi, avec leur dyslexie je vais les aider à trouver l’Accessoire qui leur permettra de Lire comme les copains .
Cet Accessoire pourra avoir plusieurs formes :
Les livres avec des polices plus adaptées comme les livres Nathan avec une police permettant une lecture facilitée .
Les textes avec différenciation des lettres ou des syllabes
Les textes tapés à l’ordinateur peuvent être modifiés grâce à des extensions gratuites ( Lire Couleur pour Open Office) ou des logiciels spécifiques comme Dys vocal.
j’ai déjà écrit un article sur les possibilités d’aides à la lecture.
Vous pouvez vous y référer pour plus de renseignements .
Pour mon enfant Dys Libre Office ou Microsoft Office
Les livres avec les Alphas
La planète des Alphas est une méthode syllabique pour apprendre à lire aux jeunes enfants .
C’est une méthode ludique avec de belles progressions !
Les livres à écouter ou audio livres
Tous les enfants avec un diagnostic de troubles d’apprentissage peut prétendre à avoir accès aux livres audios sur le site de La Bibliothèque sonore .
Alors il ne faut pas s’en priver ?
Une alternative à la lecture .
Les liseuses
Dont l’avantage est la possibilité de pouvoir choisir la police d’écriture , l’espacement des lettres et des mots .
Ces modifications améliorent la fluidité de lecture et la rende moins fatigante .
Amazon a même une offre couplée avec la dernière liseuse Kindle Paperwhite et un casque Audio sans fil pour écouter les ebooks vendus sur Amazon et les Audiobooks proposés par la plateforme Audible.
La lecture par un copain ou par un parent ...
Ces échecs pour les enfants dys quand ils sont bien identifiés peuvent ne pas être vécus comme tels .
Ils ne sont pas des échecs dans leur version négative mais plutôt des combats qui sauront dépasser après les avoir identifier , une force sur laquelle ils pourront s’appuyer .
Pour autant , NOUS parents , enseignants , rééducateurs nous devons aussi être bien au clair avec cette forme « d’échec » .
Nous devons accepter que notre enfant ne « fonctionne » pas comme la majorité et raisonne et avance avec ses propres moyens .
Nous devons faire confiance à nos enfants , leur laisser le temps d’apprendre , d’explorer leurs fonctionnements .
Shirley a d’ailleurs écrit un article très intéressant sur comment faire confiance à nos enfants sur son blog Grandir avec plaisir en nous relatant une de ses expériences personnelles .
L’erreur souvent est de vouloir leur calquer notre « éducation » celle reçue de nos parents à nos enfants , notre méthode d’apprentissage .
Dans le cadre des enfants Dys , autant dire que c’est peine perdue et surtout contre productif .
Cela ne sert qu’à les mettre en ÉCHEC …..mais par notre faute .
2. L’analyser et le comprendre
Analyser un échec c’est en chercher la cause .
Dans le cadre des enfants Dys, celle ci est souvent le trouble d’apprentissage lui même et les moyens mis en place qui ne sont pas adaptés .
Prenons l’exemple de la Dyspraxie:
La dyspraxie ou Trouble développemental de la coordination est un trouble qui a des conséquences sur la vie quotidienne avec des difficultés d’habillage , sur la vie scolaire avec des difficultés en géométrie par exemple et sur la vie sociale aussi avec un mauvais repérage temporel et spatial .
Si un enfant avec un trouble développemental de la coordination a des mauvaises notes en géométrie , c’est parce que ses difficultés visuo spatiales ne lui permettent pas d’interpréter le schéma donné de façon correcte .
A la reproduction d’un triangle , il vous rendra sûrement un devoir peu précis , voir brouillon car gommé plusieurs fois .
Pour autant il sera capable à l’oral de vous expliquer comment le dessiner et ses propriétés.
Si ce qui est noté par le professeur est la production alors il sera en échec .
La compréhension de ses difficultés et des manifestations de son trouble permettraient de mettre en place un moyen plus adapté pour l’évaluer :
– Un logiciel de géométrie qui annule les difficultés de manipulations des outils scolaires et permet une réelle évaluation de ses compétences .
L’analyse de son premier échec permet de mettre en exergue les moyens techniques dont l’enfant à besoin pour être évalué pour ses compétences et non ses troubles .
Dans ce cadre , le premier » échec » est bénéfique car il permet aussi à l’enfant de se rendre compte que quand il a les bons outils , il n’est pas en ÉCHEC .
Cela permet aussi une meilleure estime de soi , souvent malmenée chez les enfants Dys.
3. Le faire sien et en faire une force
Avoir un trouble d’apprentissage n’est pas temporaire mais durable .
Tout au long de sa vie , l’enfant dys sera confronté à des difficultés et aura à les dépasser et les surmonter .
Si les échecs sont vécus de façon négative , comme une incapacité à bien faire ou comme les autres alors ceux ci seront des freins , des boulets aux pieds qui ralentissent leur progression .
Si les échecs sont bien identifiés , discutés , regardés du côté positif alors ils peuvent être l’essence même de leurs envies et de leurs réussites .
Nombre d’enfants que je vois me disent : « je ne pourrai jamais être médecin avec ma dyslexie ou mon trouble de l’attention …?
Pourquoi ?
- N y a t’il pas des médecins avec un troubles d’apprentisage ?
- Des acteurs avec une dyspraxie ?
- Des gens célèbres avec un trouble attentionnel ?
Bien sûr que si … et surement plus que ceux qui ont osés dire haut et fort leurs différences .
Qu’ont ils en commun ?
N’ont ils jamais connu d’échecs ?
N’ont ils jamais eu peur ?
Bien sur que si , sûrement , mais ils ont tous en commun une chose :
Ils ont surement eu des échecs mais ils en ont faits une force .
Ils les ont dépassés , surmontés et utilisés comme une seconde chance , une autre possibilité de transformer « l’essai » .
Alors, maintenant à vous de dépasser vos échecs , de regarder le côté positif des événements même ceux dont on se passerait , et d’en prendre l’essence même pour en faire une raison d’avancer , et transformer vos échecs en une force vive .
Et qui sait peut être que ce modeste conseil aidera un jour l’un d’entre vous quand il se posera la question de la valeur d’un échec !!
Au plaisir de vous lire .
Sophie
De prime abord je ne suis pas la cible de ton blog, et pourtant j’ai trouvé cet article très intéressant d’un point de vue personnel (comment dépasser mes propres échecs), mais également professionnel pour aider encore mieux mes élèves à progresser en japonais.
Merci et bonne continuation à toi ! ????
Marielle Zaragoza Certain
Merci beaucoup pour ton commentaire
C’est vrai que cet article est plus personnel et peut d’un autre côté parler à tout le monde .
Je suis allée il y a quelques temps sur ton blog et je te dis Chapeau il est très bien fait et tes contenus de formation semblent super intéressants .Si un jour j’ai un peu plus de temps ..je sais où aller pour apprendre une langue étrangère qui m’a toujours attirée
Marie-Anne SARS
Merci pour cet article très intéressant. Je suis d’accord avec toi, les échecs sont trop souvent vus comme négatifs alors qu’ils sont une très grande source d’apprentissage et d’inspiration. Ces échecs pour peu qu’on les analyse correctement peuvent nous faire avancer bien plus qu’une réussite.
J’aime beaucoup ton histoire de télésiège. Ça t’a demandé du courage mais tu la fais bravo et maintenant tu sais que si tu tombes tu peux te relever plus forte encore!
FRIQUET danielle
article intéressant du point de vue professionnel et personnel car je suis Ergothérapeute et j’ai aussi un enfant DYS.